Saisonnalité des naissances des animaux domestiques
La saisonnalité de naissances des animaux domestiques est un paramètre important du système d’élevage. Elle définit notamment la disponibilité saisonnière des ressources (en particulier le lait), elle influe aussi parfois sur l’organisation des cycles de mobilité saisonnière. Elle est par ailleurs un élément indispensable pour l’interprétation des profils de mortalité en terme de saisonnalité de l’abattage, et saisonnalité d’occupation des sites.
La saisonnalité des naissances dépend de facteurs environnementaux (la durée de la période de fertilité est déterminée chez certaines espèces par la photopériode) et génétiques (le nombre de gestations par an diffère selon les races de brebis par exemple). Elle peut également être contrôlée par l’éleveur, qui va regrouper ou étaler les naissances, former des lots, empêcher une seconde gestation dans l’année pour une femelle affaiblie.
Pour ces raisons il est parfois difficile de l’envisager a priori. Il est possible de la déterminer par des analyses isotopiques dans l’émail dentaire.
Principe
Dans une localité donnée, la composition isotopique en oxygène (d18O) de l’eau météorique varie saisonnièrement (en fonction de la température aux hautes et moyennes latitudes, en fonction de la quantité de précipitations aux basses latitudes).
Ce cycle saisonnier est enregistré dans la bioapatite de l’émail dentaire, dont la composition isotopique en O est liée à celle de l’eau consommée (directement ou indirectement l’eau météorique). On peut le suivre par un prélèvement sérié chronologique.
Comme au sein d’une espèce le calendrier de croissance de la dent est fixé, des individus nés à la même saison enregistrent la même partie du cycle saisonnier dans leur dent. S’ils sont nés à des moments différents de l’année, l’enregistrement du cycle saisonnier est décalé d’un individu à l’autre.
Application
L’application de cette méthode au site de Kasteelberg (Afrique du Sud, province du Cap, Late Stone Age) a permis de mettre en évidence deux saisons de naissances séparées d’environs 6 mois pour les moutons. Ce résultat pourrait refléter soit :
- une séparation du troupeau en deux lots par les éleveurs, dans le but d’étaler les naissances ;
- deux gestations par an (ou plutôt trois sur deux ans) pour les brebis indigènes, comme en témoignent les observations des colons au XVIIIe siècle.
Dans les deux cas, une des conséquences a été l’étalement de la disponibilité en lait au cours de l’année.