L’archéomalacologie : présentation générale
Les mollusques ont de tout temps été exploités par les sociétés humaines comme ressource alimentaire ou matière première. Une grande variété d’espèces marines, dulçaquicoles et terrestres composent cet embranchement (plus de 100 000). Celles qui possèdent un squelette externe ou interne sont susceptibles de laisser des vestiges pérennes et tangibles pour l’archéologie . C’est le cas de la plupart des coquillages comme les gastéropodes, bivalves, scaphopodes, polyplacophores (bigorneau, palourde, dentale, chiton…) mais aussi de certains céphalopodes (seiche).
Les mollusques
Bivalves
Comme leur nom l’indique, les bivalves se composent de deux valves à l’intérieur desquelles se trouve le corps de l’animal. Cette classe comprend les moules, les huîtres, les coquilles Saint-Jacques, les huîtres perlières et beaucoup d’autres espèces. Ils peuvent vivre fixés sur les rochers (grâce au byssus), enfouis dans le sable ou la vase.
Gastéropodes
C’est la classe la plus importante de l’embranchement des mollusques avec environ 15 000 espèces fossiles et 35 000 actuelles. Ce nom signifie littéralement “estomac dans le pied”. Ils sont caractérisés par une coquille enroulée en spirale (à l’exception des limaces, patelles et fissurelles) qui enferme le corps mou. Pour la plupart mobiles, ils sont présents dans les océans, les eaux douces, les rivières, les étangs et la terre ferme (escargots).
Polyplacophores
Les chitons sont tous marins et vivent le plus souvent sur les rochers du médiolittoral. Ils présentent une coquille formée de huit plaques se recouvrant et tenues par une ceinture périphérique.
Céphalopodes
L’archéomalacologie
L’archéomalacologie est l’étude des vestiges coquilliers archéologiques dont la présence dans les sites peut aussi bien être discrète et diffuse que prédominante et prendre la forme de dépôts massifs.
Si l’exploitation des mollusques est un champ d’activités commun à de nombreuses cultures passées et actuelles, sa prise en compte par l’archéologie et l’archéozoologie est assez récente. Les mollusques ont traditionnellement été considérés comme des ressources minimes et secondaires, pauvres en informations du point de vue archéologique.
Pourtant, la mise en place d’une réflexion méthodologique et théorique, de problématiques, d’outils et de techniques d’analyse adaptés a démontré que leur étude pouvait contribuer à la compréhension des systèmes socio-économiques passés.
Ces ressources peuvent témoigner d’articulations entre plusieurs systèmes techniques. Ces organismes consommables sont intégrés de manière plus ou moins constante dans les économies de subsistance. Ils fournissent, par ailleurs, des matériaux souvent valorisés : productions utilitaires ou ornementales, vecteurs de valeurs culturelles.
Les mollusques constituent aussi des indicateurs environnementaux qui fournissent des informations utiles à la connaissance des milieux naturels et anthropisés et de leur évolution.
L’archéomalacologie s’intéresse donc à trois axes majeurs, les mollusques comme :
- ressource alimentaire ;
- matière première ;
- indicateurs paléo-environnementaux.
Les mollusques : ressource alimentaire
Après la fouille, le tamisage et le tri du matériel archéologique, on procède à l’identification des espèces de coquillages. On peut ainsi déterminer :
- les choix alimentaires effectués par chaque société au sein d’un panel d’espèces,
- les zones de collecte où les hommes se sont approvisionnés,
- l’évolution des pratiques dans le monde et au cours du temps par l’étude des données provenant de différents sites archéologiques.
Les mollusques : matière première
De tous temps, la matière blanche ou nacrée des coquillages a été utilisée pour produire des objets : outils, éléments de parure, etc.
L’ observation de ces objets, retrouvés dans les sites archéologiques, permet de reconstituer leurs procédés de fabrication et leur fonction : analyse des traces de fabrication et d’utilisation qu’ils portent (microtraces notamment).
Les mollusques : indicateurs paléo-environnementaux
La réalisation de sondages à proximité des sites archéologiques permet de reconstituer l’environnement passé.
Plusieurs sondages effectuées dans la région du Ja’alan au sultanat d’Oman ont permis, par exemple, de révéler la présence de nombreuses coquilles dans une zone actuellement désertique. On peut en déduire que le niveau marin était sensiblement plus haut au moment de l’occupation des sites. L’analyse de ces éléments laissent même supposer la présence d’une lagune et d’une mangrove .
Répartition des zones d’étude
Au sein de l’ancienne UMR 5197 « Archéozoologie et Histoire des Sociétés », les trois auteurs couvraient les zones d’études suivantes :
- Catherine Dupont pour l’Europe de l’Ouest et Djibouti ;
- Chloé Martin pour le Moyen-Orient avec le Sultanat d’Oman et l’Iran ;
- Nathalie Serrand pour la Caraïbe (Antilles) et le bassin méditerranéen avec la Corse et Chypre.